Depuis qu’un dictateur qui est son homonyme l’a fait emprisonner cent trente-six jours durant, on a tendance à regarder Asli Erdogan comme une opposante au régime exilée à Francfort. Requiem pour une ville perdue nous rappelle que la récipiendaire du prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes est d’abord une poétesse dotée du pouvoir indécidable, en frottant deux mots l’un contre l’autre, de produire une étincelle de grâce. Dans ce recueil de poèmes en prose, sans doute son meilleur, ladite expérience mystico-physique – dans une vie antérieure, notre écrivain fut physicienne – se répète presque à chaque page.